Dans sa Lettre pastorale et [premier] Mandement, donné à Sens, le 21 août 1870, Monseigneur Pichenot déclare, à l'occasion de sa prise de possession du siège épiscopal de Tarbes :
« Ce qui nous rassure, nous console et nous encourage, ce qui fait battre notre cœur de reconnaissance et d'amour, c'est la prédilection bien marquée de la très sainte Vierge pour les lieux bénis où vont se diriger nos pas. Notre-Dame de Piétat, Notre-Dame de Héas, Notre-Dame de Poueylaün, Notre-Dame de Garaison, puissant quadrilatère, vous ne laisserez pas l'ennemi arriver jusqu'à nous : comme vous avez protégé les pères, vous protégerez les enfants.
Que nous serons heureux de vous visiter, de prier dans vos bénis sanctuaires. Et vous surtout, Notre-Dame de Lourdes, vous êtes la gloire de Jérusalem, vous êtes la joie d'Israël, vous êtes l'honneur de notre peuple et de notre diocèse. Je vous salue ! » (Source. Manuel du pèlerinage de Lourdes ou Heures de l’Archiconfrérie de N.-D. de Lourdes, par l’abbé Vivent, VIIIème lecture. Monseigneur Pichenot et Notre-Dame de Lourdes, Paris, 1874, pp. 202-203).
Photo n° 001 Carte hors-texte de Raymond d’Espouy in Père Antoine Larrouy, Notre-Dame de Garaison 1836 – 1936, édition abrégée et illustrée de La Petite Histoire de N.-D. de Garaison, J. David et E. Vallois, Paris, 1936.
Mgr Pichenot ne fait que poursuivre l’œuvre de son prédécesseur, Mgr Laurence, qui, dans son Mandement du 18 janvier 1862 sur les Apparitions de Lourdes, exhortait déjà les fidèles de son diocèse à mêler, dans leurs prières, les Vierges des Pyrénées à celle de Lourdes : « Dans vos supplications et vos cantiques, vous mêlerez le nom de Notre-Dame de Lourdes aux noms bénis de Notre-Dame de Garaison, de Poueylaün, de Héas et de Piétat… »
Photo n° 002. Notre-Dame de Garaison (commune de Monléon-Magnoac) ; Notre-Dame d’Héas (commune de Gèdre) ; Notre-Dame de Poueylaün (commune d’Arrens) ; Notre-Dame de Piétat (commune de Barbazan- Debat). Photomontage A. Lalanne.
Un des Pères de Garaison, les MIC, Missionnaires de l’Immaculée Conception, dont la Congrégation a dirigé ces quatre « maisons », écrivait, à l’occasion du Centenaire de la restauration du Sanctuaire de Garaison (1836-1936) :
« Ainsi se constitua ce groupe original d’œuvres portant le même nom, caractérisé par une physionomie commune, cette pléiade de sanctuaires que l’on nomme la famille des Notre- Dame des Pyrénées, et au sein de laquelle Notre-Dame de Garaison remplit avec amour le rôle de grande sœur. Par les missions, par les pèlerinages isolés ou collectifs aux sanctuaires […], la dévotion à la Sainte Vierge s’intensifia dans le diocèse ; elle fut la dévotion populaire […] La réalisation, après trente ans d’efforts, de ce vaste plan d’ensemble, devait recevoir, dès ici-bas, une ratification bien imprévue, la plus auguste qu’il fût possible d’imaginer : la Sainte Vierge « qui aime ceux qui l’aiment », par ses apparitions à la grotte de Massabielle, en 1858, venait couronner l’œuvre laborieuse de la restauration des anciens sanctuaires, et récompenser admirablement tout le diocèse de Tarbes, évêque, clergé et fidèles… » (Source. « Notre centenaire », in Bulletin de l’amicale de Notre-Dame de Garaison, n° 61, décembre 1936, pp. 235-236).
Si Notre-Dame de Garaison constitue le point de départ géographique et spirituel de ces valeureux Missionnaires, nourris d’abord par la méditation de la promesse faite à Anglèse de Sagazan : « Ici, je répandrai mes dons » et par celle des Mystères douloureux de la Vierge de Piétat à Barbazan-Debat, si Notre-Dame de Lourdes fait figure de « couronnement » à toute leur œuvre, il n’en demeure pas moins vrai que Notre-Dame de Poueylaün et Notre-Dame de Héas, dont les sanctuaires auraient une fondation commune selon la tradition, introduisent à la contemplation des mystères joyeux [Annonciation] et glorieux [Assomption] de la Vierge à l’Enfant, et préparent de façon centrale et indissociable à la manifestation du message de la Vierge à sainte Bernadette : « Je suis l’Immaculée Conception ».
Gaëtan Bernoville (1889-1960) souligne à la fois l’évolution et la profonde unité du message marial de ces quatre « préfaces » de Notre-Dame de Lourdes :
« Les analogies de l’apparition de Garaison et de celle de Lourdes sont éclatantes. La bergère du val de Garaison est du même âge que la bergère de Bartrès. A l'une et l'autre, la Vierge a demandé que l'on bâtisse une chapelle au lieu où elle est apparue. Comme Bernadette, Anglèse, fuyant les marques abusives de vénération que lui prodiguait le bon peuple bigourdan, entre dans l'ombre d'un couvent et y meurt, après une vie religieuse très fervente. Guérisons, conversions, foules orantes et pénitentes se sont longtemps multipliées à Garaison comme à Lourdes.
C'est sur Notre-Dame de Pitié, sur Notre-Dame des Douleurs que s'est concentrée, à Garaison, la dévotion populaire. En prenant le titre de Missionnaires de l'Immaculée- Conception, les Pères de Garaison n'en ont pas moins fidèlement conservé la spiritualité qui se dégage de la Compassion de Marie. Le portrait de Pierre Geoffroy priant devant la statue de la Mère douloureuse, est toujours bien chez lui en la maison de Garaison. Les Règles de la Congrégation prescrivent, comme naguère, une dévotion particulière aux « Douleurs saintes par lesquelles Marie a si merveilleusement coopéré à la Rédemption du monde ». Et nous avons vu comme le Père Peydessus unissait intimement la dévotion d'aujourd'hui à celle d'hier, en parlant du « Cœur douloureux et immaculé de Marie ». Par sa Conception immaculée comme par sa Compassion, Marie a coopéré à la Rédemption. Ici encore, le passé, dans la spiritualité de la Congrégation, enrichit le présent, et le présent le passé. Les souffrances supportées par la Mère de Dieu et, en esprit d'imitation filiale, par ses serviteurs, s'épanouissent dans l'exultation née de la proclamation du dogme de l'Immaculée-Conception et ruissellent en jubilantes félicitations.
Ce lien de Garaison à Lourdes, le célèbre capucin de Toulouse, le Père Marie-Antoine, l'a expressément signifié en 1880, en disant : « Notre-Dame de Garaison, c'est la préface obligée de Notre-Dame de Lourdes, [nous soulignons]. et celui qui ne connaîtrait pas Notre- Dame de Garaison ne connaîtra pas Notre-Dame de Lourdes. »1
1 Notre-Dame de Garaison et Notre-Dame de Lourdes. Discours adressé aux pèlerins de Garaison dans le sanctuaire de Lourdes, le 27 septembre 1880, par le R. P. Marie-Antoine, capucin, Lourdes, éditeur Bertrand Pujo, s d. (1880), in 16, 50 p. Sur le rôle de Léon Clergue (le R. P. Marie-Antoine, capucin), originaire de Lavaur, devenu pour les fidèles, « le Saint de Toulouse », voir Vie du P. Marie-Antoine des FF. MM. Capucins (1825-1907) - 'Le saint de Toulouse' par Ernest-Marie de Beaulieu, O.F.M. Cap avec la préface du chanoine Valentin (aux Bureaux des Voix Franciscaines, Toulouse, xvi + 680p), et pour son rôle spécifique à Lourdes, Chantal Touvet, In Histoire des sanctuaires de Lourdes : 1947-1988, évolution et réalisations, Volume 3, p.25, note 33.
Et quand Mgr Laurence affirmait : « Garaison, c'est la source des grâces pour le diocèse », il voyait plus juste encore qu'il ne pensait, car il ne pouvait alors prévoir la grâce inimaginable que serait à Lourdes la nouvelle visite de Notre-Dame au diocèse de Tarbes. La lumière dont a resplendi, en l'an 1600, le val de Garaison, c'est une aurore. Par-delà deux siècles, elle a progressivement illuminé les coteaux et les monts bigourdans, de Héas à Poueylaün, de Poueylaün à Piétat [nous soulignons]. Elle a atteint son zénith à Lourdes, d'où elle ne redescendra plus.
Un fait digne de mémoire s'inscrit dans la même perspective. De février à juillet 1858, ceux qui ont, les premiers, cru à la réalité des apparitions de Lourdes, ceux qui, à Massabielle, ont honoré l'Immaculée, avant tous autres, de leurs prières, ceux qui, contre vents et marées, ont tenu bon devant la grotte, malgré les autorités officielles, malgré les pressions policières et, finalement, ont eu raison de tous les doutes et de toutes les oppositions, ce sont les bonnes gens de Bigorre. Les foules qui ont assailli la grotte, lors des apparitions, étaient, au début, pyrénéennes, et, en grande majorité, bigourdanes. Or ce sont celles-là que le Père Peydessus et les missionnaires, entrainés, animés par lui, avaient ramenées, au prix de quelles sueurs, de quelles fatigues à la pratique religieuse par le culte de Marie. Ils avaient rempli le cœur populaire du plus tendre amour pour la Mère de Dieu, et c'est ainsi qu'il s'est porté, d'un mouvement irrésistible, à la Grotte de Massabielle.
Les Pères de Garaison, pour une grande part, ont donc fait des Bigourdans, les premiers témoins, au sens actif et efficace de ce mot, de la Dame du Rocher. Il était juste, raisonnable et salutaire […], il était conforme à leur vocation historique, qu'ils devinssent les Missionnaires de l'Immaculée-Conception. » (Source. Gaétan Bernoville. Jean-Louis Peydessus, apôtre marial de la Bigorre (1807-1882). Grasset, 1958, pp.187-189).
A l’instar du Père Bernard Peyou, nous dirons enfin que cette constellation des sanctuaires marials bigourdans fait « l’honneur de notre peuple », [Tu honorificentia populi nostri, invocation tirée de la prière à Marie : Tota pulchra es], comme il s’est plu à le rappeler dans sa plaquette sur Notre-Dame de Poueylaün, d’où est extrait le texte que nous citons ici :
« Au cours des siècles, Notre-Dame, la Vierge Marie, s’est installée chez nous, en Bigorre, avec une particulière dilection. Des montagnes à la plaine, en son honneur, la piété populaire a fait éclore un florilège de sanctuaires qui sont l’honneur de notre peuple.
Aujourd’hui, comme hier, ils spiritualisent tous les paysages : ceux des plaines tranquilles dont les terres fécondes enfantent les blés d’or et le vin vermeil des divins sacrifices, ceux des riantes vallées où les chastes eaux des Gaves chantent avec une douceur de prière, et ceux des terres hautes des montagnes majestueuses baignées d’azur et de lumière, de silence et de paix. Ils sont les « reliquaires sacrés » qui ont écouté la prière de nos pères ; ils restent les témoins magnifiques d’un passé de foi et de fierté dont le présent s’éclaire encore.
Chargés de légende ou d’histoire, nous les aimons, parce qu’ils ont été engendrés par l’âme paysanne dont nous sommes les fils, parce qu’à travers les infortunes des temps et leur histoire tourmentée, ils nous transmettent le souffle spirituel d’une race pétrie de christianisme. Ils nous relient avec le passé.
Nous les aimons parce que leurs vieilles pierres, lavées par les vents et les neiges, brûlées par les soleils des saisons, exhalent un parfum de prières et de sacrifices, prières et sacrifices des générations. Là où ils nichent, dans le silence des choses, dans la simplicité de leurs lignes ou la magnificence de leurs dorures, sous la caresse de la lumière des purs matins et de l’ombre violette des soirs, ils sont « une chose de beauté », et « une chose de beauté » est une joie pour toujours.
De tout ce florilège de sanctuaires bigourdans, celui de Notre-Dame de Poueylaün se distingue par l’élégance ineffable de son style et la richesse de son art ; les floraisons sculpturales dont les artistes l’ont enguirlandé l’égayent et en font une merveille […]
Blotti dans un nid de verdure, dans un îlot de silence, au fond de la splendide vallée d’Azun, d’une douceur ombrienne, à l’ombre de la chaîne du Gabizos, le sanctuaire de Notre- Dame de Poueylaün reste, devant les générations qui passent, un vivant poème de foi et d’amour. Il a beau être en deuil des religieux qui en furent les gardiens et les restaurateurs, ses vieilles pierres exhalent « une odeur de vie ». « Objet d’étonnement pour le siècle qui l’a vu naître, ce prodigieux monument fera l’admiration de ceux qui seront témoins de sa durée… » (Source. Abbé Bernard Peyou, curé d’Arrens. Notre-Dame de Poueylaün, « Tu honorificentia populi nostri », [voir ci-dessous, le texte complet de cette invocation], Tarbes, 21 juin 1945, pp. 7-8).
Tota pulchra es, Maria
Tota pulchra es, Maria, et macula originalis non est in te / Tu es toute belle, Marie, et la faute originelle n'est point en toi.
Vestimentum tuum candidum quasi nix, et facies tua sicut sol/ Ton vêtement est blanc comme neige, et ton visage pareil au soleil.
Tota pulchra es, Maria, et macula originalis non est in te / Tu es toute belle, Marie, et la faute originelle n'est point en toi
Tu, gloria Jerusalem, tu laetitia Israel / Toi, la gloire de Jérusalem, toi la joie d’Israël,
Tu honorificentia populi nostri / Toi qui es l'honneur de notre peuple.
Tota pulchra es, Maria / Tu es toute belle, Marie.
Les origines de Notre-Dame de Poueylaün sont inconnues. Pourtant, plusieurs récits ont été transmis au cours du temps. Certains les rapprochent de celles du sanctuaire de Bétharram, alors que d’autres les mêlent à celles d’Héas.
- La légende de la statue lumineuse de la Vierge
Quatre prêtres de la Vallée d'Azun, nommés Baritat (ce dernier, originaire d'Aucun, avait été longtemps employé à Saragosse, dans l'église de N.-D. del Pilar ; il est mort dans la maison Sastrade [actuelle mairie], à Arrens), Jean Abillac d'Arrens (mort il y a environ trente- cinq ans), Montauban et Cazenave d'Aucun, avaient fait une espèce de rapport sur la chapelle de N.-D. de Poueylaün. Ils avaient interrogé les vieillards sur l'origine de cette chapelle, et les personnes qui prétendaient avoir reçu quelque faveur extraordinaire. Ce rapport a été lu, il y a environ quarante ans, par Mr Bazeillac, dans un manuscrit vieux, rongé par les rats, qui se trouvait chez son oncle, prêtre, neveu de Mr Cazenave, l'un des quatre prêtres qui l'avaient signé. Mr Bazeillac avait lu une partie de ce manuscrit dans son enfance, et voici ce dont il se souvient, tel qu’il l'a raconté au Père Ferrère (30 à 40 ans plus tard) en janvier 1863 [ceci laisse penser que Mr Bazeillac avait lu ce document vers 1823-1833] : « 1) La chapelle avait été bâtie à la suite d'une lumière extraordinaire qu'on avait vue sur le mamelon. Les habitants d'Arrens ne trouvant pas ce lieu convenable pour une chapelle, avaient voulu la bâtir au Pradot, espérant attirer la lumière sur leur construction. Mais, disait le manuscrit, ce n'étaient pas eux qui commandaient à la lumière ; mais Dieu qui commandait par la lumière. Voyant que la lumière reste toujours sur le mamelon, ils renoncent à leur projet et ne pensent plus qu'à bâtir sur le mamelon. 2) Qu'un homme, de la Maison Pécayré, avait vu plus tard en revenant de la montagne une lumière sur le mamelon. Croyant que c'était un feu follet, il approcha ; mais ayant reconnu que c'était une lumière extraordinaire, il fut saisi d'une grande frayeur. 3) Qu'un homme de la Maison [espace laissé en blanc] (dont on donne le nom dans le rapport) passant près du mamelon avait vu aussi une lumière extraordinaire… » (Source. Archives diocésaines. Fonds d’archives de la Congrégation des Missionnaires de l’Immaculée Conception, à Garaison. [Nous abrègerons en Fonds des Archives de Garaison]. Carton Poueylaün].
Une autre relation rappelle que « dans des temps très reculés, il y a six cents ans environ, vivait à Arrens un homme juste et craignant Dieu, qui passait ses jours à travailler, et ses nuits à prier. Pendant trois nuits très obscures, il fut surpris de voir la montagne de Pouey-la-Houn soudainement illuminée par une clarté, qui jetait des millions d’étincelles. Cette vision répétée lui sembla une inspiration de se rendre à l’endroit où il avait vu la lumière ; mais aucune trace de feu ne se trouva sur l’herbe ou sur le feuillage. Il alla cependant chercher d’autres bergers pour l’accompagner jusqu’au haut de la montagne, et là, au pied d’un rocher de granit, ils virent une statue de la sainte Vierge tenant son divin enfant dans ses bras. Ils coururent au village d’Arrens et racontèrent, tout émus, ce qu’ils avaient découvert. Les gens du pays les suivirent sur la montagne, et, apercevant comme eux la céleste image, ils s’écrièrent : « Un miracle ! Un miracle ! », et, dans leur transport, ils voulurent s’approcher et se saisir de la statue ; mais rien ne put la faire changer de place ; un pouvoir secret paralysait tous leurs efforts. Ils comprirent alors le dessein de la Providence, et se mirent aussitôt à l’œuvre pour construire un oratoire qui pût servir d’abri à la précieuse statue. Bientôt après, l’affluence des pèlerins devenant considérable, l’oratoire fut transformé en une belle église, d’une grandeur et d’une élégance remarquable… » (Source. D. Shyne Lawlor, Les sanctuaires des Pyrénées. Pèlerinage d’un catholique irlandais, traduit de l’anglais par la comtesse de l’Ecuyer, Mame, Tours, 1875, pp. 85-88).
Cette relation s’inspire fortement de celle que rappelle Louis Gassie, vingt ans avant celle de Lawlor, dans sa plaquette La vallée d’Azun et ses avenues :
« A cette époque, on voyait à Arrens un homme droit et juste dont la vie s’écoulait dans la prière et le travail. Pendant trois nuits obscures et consécutives, il vit le mamelon de Poueylaün s’illuminer de soudaines clartés qui s’épanouissaient en gerbes rayonnantes et éclairaient tous les objets à l’entour. Ces visions produisirent sur son esprit une impression profonde et, poussé par une pensée intérieure, il se rendit le matin du troisième jour dans ces lieux reculés ; mais le gazon avait conservé sa fraîcheur et les arbustes n’offraient aucune trace d’incendie.
Photo n° 003. Dessin de Nancy de Méritens pour le documentaire "Lourdes et la Tradition Mariale dans les Pyrénées" réalisé par Jean Hêches (1994)
« Accompagné de quelques bergers, il arrive au sommet du mamelon, et, au pied d’une masse granitique qu’on disait miraculeusement suspendue entre ciel et terre, il aperçoit une image de la Vierge Marie, tenant entre ses bras le divin Enfant … »
Photo n° 004. « … [A Poueylaün], un monstrueux bloc erratique est pour ainsi dire suspendu dans le vide, à l’instar de ses pareils du Sidobre. Il porte le nom de caillaou seignadé … » (Source. H. d’Agrain, Arrens et la chapelle de Pouey-Lahun, Tarbes, 1928, p. 54). Cl. F. Lalanne. On apprend [témoignage de Mme Couès, de Bun, née Carrère, d’Arrens] que « près des blocs de pierre portant ce même nom, il était de tradition de se signer, en se tournant vers le sanctuaire de Poueylaün, dès qu’on l’apercevait ; cela était le cas à partir du caillaou seignadé d’Arcizans-Dessus, ou encore à partir de celui d’Arrens… »
« Etonnés et remplis d’une sainte frayeur, ils s’en viennent aussitôt raconter la merveille au village d’Arrens. On se presse sur leurs pas, les plus curieux s’approchent et ils s’écrient : O ! Miracle ! Leur pieuse avidité veut ravir le trésor à ces lieux fortunés ; mais toutes leurs tentatives viennent se briser contre une force secrète qui y reporte le présent de Dieu.
La foi des habitants d’Arrens eut bientôt compris les desseins de la Providence. Ils se mettent à l’œuvre sur le champ et élèvent un rustique oratoire pour abriter l’image mystérieuse. Ils la nommèrent d’un nom qui devait perpétuer la tradition du miraculeux évènement : ce fut Notre-Dame de Poueylaün … » (Source. Louis Gassie. La vallée d’Azun et ses avenues, 1859, p. 25)
Cette légende est encore rappelée par Serge Brunet, dans son article sur la « Relation de la mission des Pyrénées du père Fourcaud » : « La légende évoque l’invention sur le tertre d’une statue lumineuse de la Vierge, qui y revint lorsqu’on voulut la transporter dans l’église paroissiale…» (Source : Relation de la mission des Pyrénées (1635/1649) Le jésuite Jean Fourcaud [voir sa mission en Azun en 1636] face à la montagne, texte traduit, annoté et présenté par Serge Brunet, 2008, p. 18, note 32).
« Il en fut de même, rapporte Henry d’Agrain, à Bétharram, où jamais celle que l’on venait de découvrir ne voulut quitter la rive gauche du gave, obligeant ainsi ses dévots à des travaux pénibles pour élargir la place destinée à accueillir la « dévote chapelle »…. [Ces légendes] sont presque identiques… Là comme ici, des flammes décèlent la présence insoupçonnée de la statue ; même essai de translation dans l’église paroissiale, même obstination de la sainte image… » (Source. Henry d’Agrain, Arrens et la chapelle de Pouey-Lahun », Tarbes, 1928, pp. 68-69).
- La légende des deux colombes
« … Ces sanctuaires n’ont pas tous une histoire bien certaine. Si l’origine, sans pourtant se perdre dans la nuit des temps, remonte à une époque un peu reculée, la légende n’a pas manqué, le plus souvent, de former comme une auréole autour de ces sanctuaires. Et ces légendes gracieuses, poétiques, populaires surtout, faut-il les rejeter au nom d’une certaine critique sévère qui prétend ne défendre que les droits de la vérité, mais qui ne tiendrait à rien moins qu’à les dépouiller de tout caractère surnaturel ? Nous ne le pensons pas. C’est pourquoi, recueillant pieusement les légendes et les traditions populaires, nous avons cru pouvoir les mettre à contribution, sans pour cela infirmer les données de l’histoire et sans faire injure au bon sens des lecteurs sérieux… » (Source. Louis Dupuy, M.I.C. [Missionnaire de l’Immaculée Conception], Notre-Dame de Héas, Nouvelle édition, Tarbes, 1955, p. 10)
Photo n° 005. La fontaine de Notre-Dame, près de la cabane de l’Aguila, dite « Oratoire de la Sainte Famille » (parce que cette dernière y est sculptée dans un bloc calcaire blanc, entouré d’ex-voto). Cl. A. Lalanne.
« … Marie attire volontiers autour d'elle les cœurs simples et innocents. Elle se plaît à demeurer au milieu des enfants qui l'aiment et l'imitent. Aussi voulut-elle donner bientôt aux pieux prêtres de Héas, à ses dévoués serviteurs de la vallée, des marques visibles de sa présence parmi eux.
La tradition rapporte que des bergers, gardant leurs troupeaux dans les gras pâturages du plateau qui s'étend au pied de l'Aguila, aperçurent un jour deux colombes, dont la seule vue d'abord les frappa. Après avoir longtemps plané dans les airs, elles vinrent se reposer sur le bord d'une fontaine voisine, appelée, depuis, la fontaine de Notre-Dame. Cette fontaine est très renommée pour la fraîcheur et l'excellente qualité de son eau si limpide. Elle est toujours également abondante, alors même qu'aux alentours toutes les autres sont taries.
Les bergers s'approchèrent, mais avec précaution ; et longtemps, ils contemplèrent d'assez près les deux charmantes colombes. Elles étaient d'une blancheur éblouissante. Leur seul aspect excitait dans l'âme des bergers la plus douce émotion, comme une sorte d'extase religieuse, dont ils ne pouvaient se rendre compte. Ils ne savaient ni détourner leurs regards de dessus les deux colombes, ni s'en approcher davantage, tant ils étaient ravis. Ils demeuraient immobiles sans pouvoir se parler. Enfin, ces oiseaux merveilleux prirent leur essor et disparurent.
Rentrés dans leurs cabanes, les bergers s'empressent de raconter à leurs compagnons ce qu'ils viennent de voir, et, durant toute la soirée, ce fut l'objet de leurs entretiens. Le lendemain, au nombre de sept ou huit, ils se dirigent vers l'endroit du plateau où le torrent qui l'arrose passe à quelques pas de la fontaine. Là, les yeux tournés vers ces divers points de l'espace où s'était passée la merveille du jour précédent, ils gardent la ferme espérance de la revoir encore.
En effet, vers une heure de l'après-midi, les deux colombes reparurent, et revinrent se poser sur les bords de la même fontaine. Les bergers plus surpris que la veille, se tenaient, comme alors, immobiles, et contemplaient en silence. Peu d'instants après, ils virent les colombes reprendre leur essor et s'envoler vers le val de Héas. Curieux, empressés, ils les suivent pour découvrir ce qu'elles deviennent. Sans les perdre de vue, ils longent le torrent jusqu'à l'ouverture de la gorge. Ils les voient toujours volant doucement côte à côte. Mais tout- à-coup, l'une d'elles descend et s'abat sur la petite chapelle. Elle y fut aperçue pendant quelques instants par les bergers eux-mêmes de l'Aguila, par d'autres bergers des plateaux voisins, et vraisemblablement, dit-on, par quelqu'un des ecclésiastiques en résidence à Héas. L'autre continua son vol par-dessus les montagnes et fut vue, le soir même et le lendemain, dans la vallée d'Azun, sur un monticule qui domine le village d'Arrens. En ce lieu même s'élève aujourd'hui la superbe chapelle dédiée à Notre-Dame de Poueylaün. Voilà du moins ce qu'on a pu déduire de l'accord qui existait, pour le jour et pour les heures, entre les rapports qu'ont faits les habitants des deux vallées d'Azun et de Héas. Les bergers de l'Aguila ne doutèrent plus que la Sainte Vierge n'eût voulu faire connaitre quelqu'une de ses volontés par cette apparition des deux colombes. Le bruit s'en répandit au loin avec rapidité ; on ne parla plus que de prodiges ; et les pèlerins, animés d'une nouvelle confiance, devinrent de jour en jour plus nombreux. Un homme grave du pays nous a dit que la statue actuelle de Héas avait été trouvée près de la fontaine de Notre-Dame. Faudrait-il expliquer ainsi le passage de l'une des deux colombes du bord de la fontaine au sommet de la chapelle ? « L'image de notre divine Maîtresse, vous la découvrirez un jour ici, portez-la sur son autel. » Quoi qu'il en soit, de cette découverte de la statue, et surtout de l'apparition des deux colombes, que nous ne pouvons établir que sur la tradition -mais tradition constante et fidèlement conservée dans le pays- l'existence de ce beau sanctuaire au pied de ces hautes montagnes, où l'on n'arrive que très difficilement ; l'affluence des fidèles, qui se rendent principalement aux fêtes de l'Assomption ou de la Nativité ; la confiance sans bornes que les populations pyrénéennes ont en Notre-Dame de Héas : tout cela du moins n'est-il pas une preuve incontestable que la Sainte Vierge a dû manifester sa puissance en ces lieux, et qu'elle a témoigné, par des signes non équivoques, combien son cœur agréait les hommages que les peuples viennent lui rendre dans sa chapelle ?
Un mot encore à propos de Poueylaün. Ces deux colombes, qui d'abord se tiennent ensemble comme deux sœurs, et qui paraissent ensuite ne se quitter que pour aller prendre possession chacune d'un sanctuaire de Marie, ne semblent-elles pas nous dire que les deux chapelles seront un jour comme deux sœurs, qui s'aiment et s'entendent pour la gloire de Dieu, quoique la montagne les sépare ? C'est ce qu'on voit aujourd'hui. Elles sont desservies l'une et l'autre par de pieux prêtres, sortis de la même famille de Notre-Dame-de-Garaison, et qui travaillent comme des frères à la plus grande gloire de leur Père des cieux, celle de leur commune Mère Marie.
Si vous montez jamais au Piméné, arrivé au sommet, tournez-vous vers le nord, vers la plaine. Voyez, à votre droite, les cimes de l'Aguila, cette immense muraille ; voyez, à votre gauche, les pointes du Gaviso [Gabizos], entre les glaciers du Vignemale et le dôme du Monné, de Cauterets. Au pied du Gaviso [Gabizos] est Notre-Dame-de-Poueylaün ; au pied de l’Aguila, Notre-Dame-de-Héas. Voilà les deux sœurs ! Que Dieu les couvre de ses bénédictions et qu'il étende toujours leurs bienfaits spirituels sur tous ceux qui espèrent en Marie ! Et que ces bénédictions retombent abondamment sur nous, pauvres pécheurs ! (Source. Par des prêtres du diocèse Val et chapelle de Notre-Dame-de-Héas en Barèges, au diocèse de Tarbes, Tarbes, Imp. Larrieu, 1864, pp. 37-42).
Au-dessus de l’Oratoire de la Sainte-Famille aménagé sur le site de la Fontaine Notre- Dame (près de la cabane de l’Aguila, cirque de Troumouse, à Héas), se trouve gravé, sur une plaque de marbre blanc, le mémorial suivant :
« (LEGENDE)
DEUX COLOMBES
SE DESALTERAIENT
A CETTE FONTAINE.
PRENANT LEUR ESSOR,
ELLES ALLERENT SE POSER,
L’UNE A L’ENDROIT OU FUT
BATIE LA CHAPELLE DE
HEAS, ET L’AUTRE SUR LE
MAMELON DE POEYLAUN »
Photo n° 006. Plaque de marbre blanc située au-dessus de l’Oratoire de la Sainte-Famille, à l’Aguila. Cl. A. Lalanne.
Photo n °007. Chapelle d’Héas. Vitrail représentant les bergers conduits par les deux colombes vers la statue de la Vierge. « Don des abbés Louis et Pierre Peyou, de Luz. Inauguré le 13 août 1933. Réalisation de Joseph Benoit, maître verrier à Nancy » (d’après le dessin de M. Martin) Cl. A. Lalanne.
3. De « Collauna » à « Poueylaün » : apports de la toponymie
« Poueylahoun ». Ce toponyme pourrait être traduit, littéralement, par : « Monticule » (« Pouey »), d’où jaillit une « fontaine » (« Lahoun »), comme le propose Samazeuilh dans ses Souvenirs des Pyrénées, en se fondant sur l’observation attentive des lieux : « En effet, au fond du temple, dont le granit taillé en pavé est plus élevé que dans les autres parties, on remarque encore un petit canal taillé également au ciseau, et qui recevait les eaux d’une source surgie en ce lieu même. Ce petit ruisseau serpentait dans l’église ; il franchissait deux degrés circulaires, par où l’on descend dans la partie inférieure de la chapelle, et se perdait sous la chaire. Son doux murmure devait se mêler, sans les troubler, aux chants du prêtre, aux prières du pèlerin ou à la parole de l’orateur chrétien… J’ignore donc pourquoi on en a bouché la source ; d’autant plus que, par-là, on a fait disparaître aussi les traces d’un miracle, qu’Arrens aime encore à raconter… » (Source. Jean-François Samazeuilh, Souvenirs des Pyrénées, Agen, 1827).
H. d’Agrain, de son côté, (Voir Notre-Dame de Poueylaün, p. 60) aurait repéré l’exutoire de ce filet d’eau : « Au bas de la jonction du mur sud de la sacristie avec celui de la tour [chevet], au ras du sol et au sud, une pierre fait défaut, créant une ouverture de 15 cm x 20 cm soigneusement encadrée de lames de schiste. Ce n’est autre chose que celle qui assurait l’écoulement de la fameuse « houn dou pouey » (fontaine du monticule) qu’encore, en 1827, Samazeuilh [voir ci-dessus] a vu couler sur le sol même de la chapelle … ». Plusieurs pages plus loin, il poursuit sa description en ces termes : « …M. Gaurichon a découvert sur le sol même de l’intérieur une trace irrécusable de l’existence de la fameuse houn : un suintement qui se manifeste à l’angle sud-ouest des marches de la tribune, sans que le granit soit plus fissuré ici qu’ailleurs…Le minime suintement qui seul subsiste de cette houn a nécessité le creusement d’une petite canalisation en dehors du passage des fidèles ; elle est visible sous le banc qui longe le mur du midi. Elle passe sous les confessionnaux et se termine par cette ouverture que nous avons décrite, à l’extérieur, à l’angle de la sacristie et de la tour… » (Source. Henry d’Agrain, Notre-Dame de Poueylaün, 1928, p. 97).
Dans des Notes relatives à la chapelle de Poueylaün recueillies en 1882 [notes anonymes, que l’on peut attribuer à un père de Poueylaün], ce jaillissement est évoqué de la manière suivante : « Le Manuel du guide dans les Pyrénées parle d’une source qui jaillit au fond de la chapelle. Cet écoulement n’existe plus. Il est probable que les rochers qui se trouvaient au couchant de la chapelle et que l’on a escarpés pour y bâtir, devaient avoir des cavités. Ces cavités devaient se remplir durant les pluies abondantes. L’eau devait ensuite couler par quelques fissures du côté de la chapelle et établir ce courant que l’on qualifiait du nom de source. Le fait est que depuis que les constructions sont établies, il n’y a jamais eu apparence de source donnant de l’eau. Pour recevoir cette eau, on avait établi des conduits à découvert sur le roc même. Les conduits qui se trouvaient sur les deux degrés les plus élevés ont été détruits lorsqu’on les a piqués pour les niveler et aplanir. Au 3ème degré inférieur, on remarque encore deux conduits se dirigeant vers un bassin se trouvant sous le banc. Ce bassin déversait l’eau à l’extérieur probablement par quelque fente de rocher... » (Source. Archives diocésaines. Fonds des Archives de Garaison. Carton Poueylaün. Liasse 3)
Paul Bourrieu précise que « c’est peut-être vers 1890 [voir ci-dessous, V.4.3.3] que fut détournée la fontaine miraculeuse qui, paraît-il, traversait la chapelle, ainsi que la cour, et dévalait en cascade sur la pente nord du rocher. Actuellement, de cette fontaine, on trouve des transsudations tout autour de la colline ; et le plus gros débit qui représente un jet de 12 à 18 cm. de diamètre passe sous le bâtiment nord du sanatorium et se perd sous les prairies, où il entretient une perpétuelle humidité […] Je n’insisterai pas non plus sur une ou deux guérisons spectaculaires, dont l’une sur un pied malade depuis des années et guéri en quelques heures, parce que la personne intéressée avait, sans le vouloir, marché dans l’eau provenant de la fontaine miraculeuse…» (Source. Paul Bourrieu, La Chapelle de Poueylaün, 1959, p. 7 et p. 13)
Photo n° 008. Au bas de ce cliché, à gauche, à l’angle nord-ouest de l’appentis s’appuyant sur la façade ouest de l’ancien collège, on peut remarquer un petit édicule, bâti en pierre, qui devait recevoir l’eau de la « houn » de Poueylaün dont parle P. Bourrieu. Lors de la construction du chemin d’accès du sanatorium (voir plan du 23 novembre 1927), cet édicule a été démoli ; l’eau qui l’alimentait a dû être canalisée, et doit continuer à s’écouler vers la prairie en contrebas, au nord. Carte postale. Vers 1902. Coll. particulière.
Pour sa part, le père François Caillabère, d’Arrens [voir sa notice nécrologique en annexe V.1.5] donne une explication à ce phénomène dans une série d’articles titrée « La vallée d’Azun » publiée dans Le Semeur :
« … On a dit qu’une fontaine jaillissait au fond de la chapelle et maintenant, on se demande ce qu’elle est devenue. Mais elle n’a jamais existé. Seulement, ceux qui avaient bâti l’édifice, avaient simulé sur le devant de la tribune, une fontaine mystique, en incrustant dans le roc un mastic très dur en forme de couvercle, au milieu duquel était plantée une barre de fer ronde qui émergeait de cinq centimètres. C’était la fontaine scellée « fons signatus », d’où partaient deux petits canaux creusés aussi dans le roc, vers les côtés de la nef, pour mourir devant les confessionnaux. Ils symbolisaient ces conduits mystérieux où coule l’eau de la grâce qui va purifier les pécheurs dans le sacrement de la pénitence, selon cette parole des saints livres : « Ils buvaient l’eau de la pierre mystérieuse qui les suivait, et la pierre était Jésus-Christ. » (Source. Archives diocésaines. Carton Poueylaün. Liasse n° 2, François Caillabère, La vallée d’Azun in Le Semeur, nov. 1918).
Quant au toponyme Collauna employé par Fourcaud dans sa Relation de la mission des Pyrénées (1635-1649) pour désigner « l’église de la Mère de Dieu située à l’extrémité de la vallée en face des espagnols » [le val d’Azun], il convient de l’interpréter comme « une déformation de Laün. Peut-être que cette forme est née du rapprochement avec le latin « laus, laudis » (louange) et « cum laude » d’où –collaudo, toponyme qui a été un temps (1292) attaché au sanctuaire, et qui désigne d’autres sanctuaires marials à pèlerinages, comme N.-D. du Laus, au diocèse d’Embrun… » (Source. Pierre Brunet, Dominique Julia et Nicole Lemaître (éd.) Montagnes sacrées d’Europe, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005).